Quand on a mis au courant notre mère, on a été vachement surpris. Elle a eu l’air contente pour nous, comme si on venait d’être diplômés d’Harvard ou un truc du genre ! Faut dire que c’est grâce à elle qu’on connaît un minimum nos origines. Elle a grandi avec ses parents sur la réserve navajo et elle a toujours gardé une grande fierté pour ses racines. Même si maintenant elle est avocate et travaille à Phoenix. Des fois, elle nous saoûle un peu avec ses histoires de il-faut-toujours-se-rappeler-d’où-on-vient et bla-bla.
Alors quand on lui a sorti qu’on allait peut-être se lancer dans la recherche de quelques disparus sous la protection d’un ancêtre apache, ben je crois que ça lui a plu. Elle s’est précipitée sur son portable et elle a appelé nos grands-parents pour leur raconter.
Nos grands-parents, on les adore, pour de vrai. Ils vivent avec notre arrière grand-mère, ou plutôt, elle vit dans un hogan, l’habitation traditionnelle navajo. Et eux vivent dans une maison classique à côté. Et ILS ONT DES CHEVAUX. C’est mon grand-père qui a construit l’écurie. Tous les étés, on retourne les voir, et maintenant en plus on a un super poulain, Blue Moon ! Il a les yeux bleus, comme moi !
Mais je m’égare.
Avec maman, on s’est installés dans la Dodge. Cody avait le colis sur les genoux. Je suis assez fier de lui, parce qu’il n’aime toujours pas penser à ce bébé mais c’est lui qui a proposé de tenir les photos. On a filé jusqu’à la ville de Peoria, quasi à la limite de Maricopa County.
Quand on a vu la maison d’Amazia, toute simple avec son toit de tuiles sous le soleil, on a commencé à paniquer, Cody et moi. Mais c’était trop tard.
Comme on était un peu paralysés de terreur, maman a ouvert nos portes. Un air méga chaud est rentré dans la voiture. Elle nous a regardés gravement.
-Il est temps d’y aller. Je vous accompagne.
Avec Cody, on a échangé un regard. Mon frère a plissé ses yeux noirs (oui, parce qu’on est des jumeaux pas pareils au fait). Et il s’est extirpé de la voiture en premier.