Episode 7

flècheJack faisait son planqué, comme d’hab’. Maman et moi, on a presque dû le supplier de sortir de la voiture, tellement il avait peur. Mais il est venu.

J’avoue que quand on s’est approchés de la maison, j’étais vraiment flippé. Et je vous laisse imaginer dans quel état on était au moment d’appuyer sur la sonnette. Maman, elle, souriait. Et son sourire a encore augmenté de taille quand la vieille dame a prouvé qu’elle était pas sourde en venant nous ouvrir la porte.

Elle était belle, pour une vieille. Surtout de plus de quatre-vingt ans. Pas trop de rides, des cheveux longs et gris (oui oui) attachés en queue de cheval, et, surtout, des boucles d’oreilles en turquoise, comme nous. Ouais. On a une boucle d’oreille chacun. C’est une ancienne tradition navajo, pour porter bonheur aux bébés. Autant vous dire qu’on la met pas souvent, Jack et moi. Vous imaginez la réaction au collège ?

-Bonjour, a dit ma mère. Je suis Johanna Storm, et voici mes fils Jack et Cody, à qui vous avez écrit.

-Je vous attendais, a dit Amazia avec un sourire. Entrez, je vous en prie.

-Jack, j’ai dit tout bas à mon frère, j’espère que c’est pas une zombie, elle aussi !

On s’est marrés nerveusement. Amazia nous guidait à travers sa maison. On est passés devant l’escalier, à gauche du couloir d’entrée assez étroit. Je me suis crispé en passant devant une autre photo du bébé, mais il souriait sur celle-là. C’est vrai qu’il était mignon finalement, avec sa bouille joyeuse ! La vieille dame a surpris mon regard et m’a souri, un peu.

-C’est Leo. Le plus jeune des disparus.

J’aimais bien ce prénom. Et puis il était trognon, ce petit bout. D’un seul coup je me suis senti triste à l’idée qu’il existait peut-être plus.

Amazia nous a fait asseoir dans sa salle à manger, là où il faisait le plus frais.

-Elle a pas l’air de connaître l’air conditionné, a râlé Jack discrètos.

Episode 6

flècheQuand on a mis au courant notre mère, on a été vachement surpris. Elle a eu l’air contente pour nous, comme si on venait d’être diplômés d’Harvard ou un truc du genre ! Faut dire que c’est grâce à elle qu’on connaît un minimum nos origines. Elle a grandi avec ses parents sur la réserve navajo et elle a toujours gardé une grande fierté pour ses racines. Même si maintenant elle est avocate et travaille à Phoenix. Des fois, elle nous saoûle un peu avec ses histoires de il-faut-toujours-se-rappeler-d’où-on-vient et bla-bla.

Alors quand on lui a sorti qu’on allait peut-être se lancer dans la recherche de quelques disparus sous la protection d’un ancêtre apache, ben je crois que ça lui a plu. Elle s’est précipitée sur son portable et elle a appelé nos grands-parents pour leur raconter.

Nos grands-parents, on les adore, pour de vrai. Ils vivent avec notre arrière grand-mère, ou plutôt, elle vit dans un hogan, l’habitation traditionnelle navajo. Et eux vivent dans une maison classique à côté. Et ILS ONT DES CHEVAUX. C’est mon grand-père qui a construit l’écurie. Tous les étés, on retourne les voir, et maintenant en plus on a un super poulain, Blue Moon ! Il a les yeux bleus, comme moi !

Mais je m’égare.

Avec maman, on s’est installés dans la Dodge. Cody avait le colis sur les genoux. Je suis assez fier de lui, parce qu’il n’aime toujours pas penser à ce bébé mais c’est lui qui a proposé de tenir les photos. On a filé jusqu’à la ville de Peoria, quasi à la limite de Maricopa County.

Quand on a vu la maison d’Amazia, toute simple avec son toit de tuiles sous le soleil, on a commencé à paniquer, Cody et moi. Mais c’était trop tard.

Comme on était un peu paralysés de terreur, maman a ouvert nos portes. Un air méga chaud est rentré dans la voiture. Elle nous a regardés gravement.

-Il est temps d’y aller. Je vous accompagne.

Avec Cody, on a échangé un regard. Mon frère a plissé ses yeux noirs (oui, parce qu’on est des jumeaux pas pareils au fait). Et il s’est extirpé de la voiture en premier.

Episode 3

flècheUn collier. Ce taré nous avait envoyé un collier ! Il se foutait de nous ou quoi ? Un truc qui tombait en ruine en plus ! Avec deux rangées de perles bleues et blanches et une plaque en argent au milieu, bourrée de turquoises à moitié défoncées.

Bon, pour les turquoises, c’était plutôt bien choisi. C’est la pierre porte-bonheur des Indiens Navajos, le peuple de notre grand-père. Oui, parce qu’on est des Peaux-Rouges. Sans les plumes. Mais de là à nous envoyer un collier, c’était un peu abusé ! Pendant que je prenais la chose pour la regarder de plus près, Jack plongea la main dans l’enveloppe pour en sortir un truc encore plus louche.         Continue reading